Argent
Nevezadur
Depuis que je vis à Audierne, je m’inspire de la beauté du paysage breton, de la mer et des plages où je me promène. Les côtes du Cap Sizun sont grandioses, elles sont force et calme tout à la fois, ouverture, souffle, respiration. Elles m’offrent chaque jour des cadeaux.
Ce sont des bouts de cordages, des morceaux de plastique, des mousses polyuréthane, du polystyrène échoués sur la plage. Ils sont les matériaux principaux des pièces uniques que je façonne, des pièces rehaussées d’attaches en argent, de cristaux de roche et de calcites qui leur donnent de l’éclat.
Ce qui m’intéresse dans ce projet appelé « Nevezadur » (« renouveau » en breton), c’est le temps des matériaux, le temps de leur transformation, d’imaginer leur vie, leur histoire. C’est une vie passée au service de l’homme, cordages sur un bateau, objets ménagers utiles jusqu’à s’éroder, se casser, et couler. Ils ont traversé l’océan, ont vécu le cycle des vagues, le cycle du temps, ont rencontré les animaux marins, les algues, les rochers, les épaves au fond des mers.
Créés par l’homme, appréciés des hommes, pour un temps, ils sont maintenant rejetés par eux, ils ont au ban de la société, des parias, la marque honteuse engravée sur la plage. Je vois leur condition comme une injustice, et ai envie de leur donner une seconde chance, de montrer qu’ils peuvent procurer de l’émotion, que le temps qui a passé, qui les a usés, les a rendus beaux.
Ce travail est présenté à l’automne 2016 lors de l’exposition « Par tous les temps« au centre culturel La Passerelle de La Gacilly (56).
Empreinte d’un oiseau en vol
Au Cap-Sizun, je vois les pas des hommes, des chiens, des oiseaux marins sur le sable mouillé. Par ces dessins, j’aime à imaginer à quoi ils ressemblent, ce qu’ils faisaient à cet instant.
Avec l’empreinte, le temps s’arrête. Tandis que l’on évolue, vieillit, pour un jour disparaître, notre empreinte demeure, piégée dans une espèce d’éternité. C’est une impression. Et quand volent les mouettes, corbeaux ou cormorans autour de moi, que l’océan efface les marques de leurs pattes, le vent me souffle que l’oiseau, sa liberté n’existent que dans le vol.
Quelle serait l’empreinte d’un oiseau en vol ? Voilà la question à laquelle j’ai voulu répondre. Ne pas capturer mais libérer cette légèreté de l’oiseau glissant dans l’air, cet appel au voyage. Associer les matières, métalliques, artificielles, organiques, utiliser les lignes d’argent, les fils translucides pour réinventer autant de reflets de lumières des trainées de la plume.
Ce travail est présenté à l’automne 2017 lors de l’exposition « Empreinte« au centre culturel La Passerelle de La Gacilly (56).
Jeux de Vagues
Jour après jour je parcours la côte du Cap-Sizun, et une même émotion demeure en regardant l’océan. Une impression d’infini. Je regarde la courbe vertigineuse de la Baie d’Audierne qui s’ouvre sur l’immensité de l’horizon et imagine la mer comme une déesse, dont la robe viendrait caresser les rivages de tous les continents.
Au gré des temps et des saisons, la Déesse Mer s’amuse avec les mouvements de sa jupe, tournant, s’envolant, composant autant de variations que le jeu des vagues. Parfois immobile, douce, lisse comme la soie, et puis houleuse, cotonneuse, blanche et bleue, blanche et grise, lancée dans une danse bouillante et passionnée.
Ce travail est l’interprétation de cette danse. J’ai choisi le tulle pour sa légèreté, sa transparence, sa capacité à saisir la moindre oscillation. Dans la première œuvre, une installation en forme de jupe, j’ai sculpté sur des tulles blancs et bleus les effets du vent et de l’écume, reliés à la taille par un ruban blanc. Dans la deuxième œuvre, en forme de bracelets, plusieurs couches de tulle sont reliées à un cercle d’argent. Bleus et blancs pour le premier bracelet, des nuances de gris pour le second, des lames de blanc pour le troisième. Ondulantes et délicates, elles sont autant de petites vagues qui vont et viennent sur la main.
Ce travail est présenté à l’automne 2018 lors de l’exposition « Jeux [suis] Nature« au centre culturel La Passerelle de La Gacilly (56).